Clara sauvera-t-elle son âme et sa patrie?
Une entrevue avec Suzanna J. Linton, auteure de fantasy
Le jour où j'ai contacté l'écrivaine américaine Suzanna J. Linton pour lui proposer un échange d'infolettres(*), elle avait une autre idée en tête, une idée encore meilleure. (*Newsletter swap : "Je parle de ton livre; tu parles du mien.")
"Seriez-vous intéressé par une entrevue d'auteur?" Dit-elle.
Suzanna J. Linton a grandi en Caroline-du-Sud rurale (très rurale) et survécu grâce à la bibliothèque de sa mère, aux histoires locales de fantômes et aux longs récits que son père inventait pour divertir ses enfants. Les livres étaient ses amis; ils prenaient soin de son imagination, jusqu'au jour où Suzanna apprit à raconter ses propres histoires. Après la lecture de la série Dragonriders of Pern d'Anne McCaffrey, elle décida de devenir auteure. Des années plus tard, après la sortie de son premier roman, Clara, Suzanna devint écrivaine de fantasy à temps plein. De nos jours, elle vit toujours en Caroline du Sud avec son mari, ses chats et ses chiens. (Traduction libre)
Il fallait que je réfléchisse.
Je n'avais jamais encore rien fait de tel. Est-ce que ce serait un interview par téléphone? Par Zoom? Était-ce pour un balado? (un podcast) Fallait-il me débarrasser d'un seul coup de mon accent francophone pour permettre à ses auditeurs de mieux me comprendre? D'ailleurs, devrais-je méditer tout la semaine, histoire de m'assurer que ma voix ne chevrotte pas trop ni que mon cerveau ne gèle d'un seul bloc par trop de nervosité? Est-ce que je réfléchissait trop?
Et en plus, qu'est-ce que je pouvais bien avoir à dire? Quoi que ce soit d'intéressant? Vraiment?
Suzanna J. Linton me rendit la tâche facile. Elle m'envoya quelques questions par courriel. Il me fallut un bon week-end pour élaborer mes réponses, après quoi elle les envoya à ses abonnés. Par écrit, tout simplement. J'étais ravi! Par la suite, plusieurs personnes de son lectorat se sont abonnées à mon infolettre pour pouvoir télécharger ma courte histoire, "Berceau".
Ce fut ma toute première expérience d'entrevue d'auteur. Facile. Je pense la publier un peu plus tard, avec la permission de Suzanna J. Linton. (Vous pouvez lire ma première entrevue d'auteur ici.)
Mais pas tout de suite. (Ceci n'était que pour vous titiller.)
Il y a une chose que je veux faire avant.
Aujourd'hui, je suis l'intervieweur, et Suzanna J. Linton est l'interviewée.
Étant donné que Suzanna J. Linton n'écrit pas en français, je me permets ici une traduction libre de l'entrevue. (Veuillez aussi noter que les publications de l'auteure sont en langue originale anglaise uniquement.)
Entrevue avec Suzanna J. Linton
Clara: Livre 1 des Stories of Lorst Par Suzanna J. Linton Le quotidien de Clara, esclave muette, est limité aux cuisines du château et au jardin. Cependant, elle a en elle un don précieux: celui de voir l'avenir. Quand une vision la pousse à empêcher un meurtre de se produire, Clara se retrouve catapultée, non seulement au beau milieu des intrigues de la noblesse, mais aussi dans une guerre civile. Au fil des événements qui suivent, se révèlent à elle des secrets glaçants au sujet de la guerre et à propos de ses supposés amis. Sa quête de vérité mènera Clara à quitter ses montagnes bien aimées pour aller à la capitale, Bertrand, où elle sera confrontée à un mal aussi ancien que les montagnes, un mal qui retournera contre elle sa propre colère et ses préjugés. Si elle ne fait pas très attention, Clara verra sa nation perdue, et son âme aussi. (Traduction libre) Ce livre n'est plus disponible
(Voici ma traduction libre de l'entrevue.)
Suzanna J. Linton, qu'est-ce qui vous a inspirée à devenir écrivaine, et à écrire votre roman, Clara?
SJL : À treize ans, j'ai lu Dragonflight, écrit par Anne McCaffrey. Je me souviens de mon désir d'écrire un jour une telle histoire. Aussi, écrire était pour moi un mécanisme de survie, étant donné la famille abusive dans laquelle j'ai grandi. J'ai écrit mon premier roman en réponse à cet abus. Je l'ai bâti sur l'idée d'une fille sans voix, qui choisit de ne plus être une victime. Des années plus tard, j'ai retravaillé cette histoire et je l'ai publiée sous le titre Clara.
Comment décririez-vous le genre littéraire de Clara?
SJL : Je peux difficilement utiliser le terme épopée fantastique (epic fantasy), malgré que Clara en ait les tropes et les idées, puisque le livre n'en a pas la longueur. Et quoi que la protagoniste, Clara, soit d'un âge qui suggère la littérature jeunesse, je crois que les thèmes abordés sont trop adultes pour ce genre. Selon moi, le genre dont Clara se rapproche le plus est la sword & sorcery.
Qu'est-ce qui vous a menée à écrire la série Stories of Lorst?
SJL : C'est une drôle de raison! J'ai d'abord pensé Clara comme un roman autonome. Clara devait mourir à la fin. Mais quelque chose semblait clocher à la fin de l'histoire, peu importe combien de fois je la retravaillais. Lorsque j'ai fini par trouver la fin parfaite, cette fin laissait des ouvertures pour une série.
Pourquoi votre série Stories of Lorst compte-t-elle trois romans et demi?
SJL : Lorsque j'ai commencé à publier de manière indépendante, je me suis engagée à publier un livre par année, et c'est ce que j'ai fait lors des trois premières années. (L'espace entre deux des livres de la série correspond à l'année où j'ai publié mon roman autonome Willows of Fate.) Cependant, le quatrième livre de la série s'est avéré plus difficile à écrire que prévu, et j'ai compris que je n'arriverais pas à respecter mon engagement. J'ai alors décidé d'y aller d'une nouvelle afin de satisfaire mon lectorat, ce qui m'a, par la même occasion, aidée à préparer le terrain pour le livre 4. Le ",5" est cette nouvelle, Calculated Magic.
Quel est le titre de votre projet en cours? Pouvez-vous nous en parler un peu?
SJL : Le livre 4 s'intitule House of the Seer. Lorst et les royaumes de Tier voisins sont à couteaux tirés depuis des siècles. Emmerich a persuadé le roi Precene de le rencontrer pour négocier un traité de paix. Cependant, certains voudraient que ce sommet échoue; ils ne reculeront devant rien pour obtenir ce qu'ils veulent... Je ne peux pas en dire plus sans divulgâcher Secret Burdens ou Calculated Magic.
Quelle est la partie la plus difficile du processus d'écriture?
SJL : La réponse à cette question est variable. En ce moment, je dirais que le c'est le processus de révision, car la révision de House of the Seer a été si difficile. Ce livre contient de nombreuses parties mobiles, et il ne cesse pas de devenir de plus en plus long!
Quels livres vous ont le plus influencé?
SJL : Dragonriders of Pern, par Anne McCaffrey; plusieurs écrits de Robin McKinley; une nouvelle d'Ernest Hemingway intitulée “Les tueurs”. J'ai longtemps gardé sur mon bureau, histoire de l'avoir toujours sous la main et de pouvoir m'y référer plus souvent, Write Your Novel From the Middle, de James Scott Bell.
Avez-vous une routine d'écriture, un rituel particulier?
SJL: Oui et non. Normalement, j'écris et je révise en après-midi, après avoir répondu à mes courriels et publié sur les réseaux sociaux. Mais quand j'ai trop hâte d'écrire ou réviser, il se peut que je commence dès que je me retrouve devant mon bureau. Je n'ai pas réellement de rituel pré-écriture, excepté peut-être de me préparer une bonne tasse de café. À l'occasion, je vais même jusqu'à me préparer du thé (en réchauffant la théière et tout) avant de commencer à écrire.
Où écrivez-vous généralement?
SJL : Dans mon bureau, qui était au rez-de-chaussée jusqu'à ce que mon beau-frère ne vienne brièvement habiter avec nous, à l'occasion de quoi j'ai dû le déménager sous les mansardes du grenier. J'appelle l'escalier les marches de la mort car elles sont à pic et un peu tordues. En arrivant en haut, j'ai une vue plongeante sur le salon. Mon bureau à un plafond en pente et une fenêtre qui surplombe la route de terre qui court parallèlement à la maison. L'air climatisé ne s'y rend pas tout à fait, alors nous y avons monté une unité portable (ce qui est une nécessité dans le climat chaud et humide du Sud). J'aime bien mon bureau. Je m'y suis installée confortablement. J'adore avoir ma petite redoute personnelle.
Avant de partir...
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