J'ai invité un ami à joindre mon infolettre, et il m'a dit : "Quelles sont tes attentes?"
J'ai répondu quelque chose de vague, comme "... finir et publier ce premier roman, construire une plateforme solide, et à long terme, bâtir une carrière basée sur l'écriture..." J'aurais aussi bien pu lui répondre, en me tordant la moustache : "Mais voyons, cher ami, je vais conquérir le monde, bien entendu!" (Sauf que je n'ai pas de moustache.)
Voilà des attentes imposantes. Qu'elles soient réelles ou non, j'ai réalisé plus tard que j'avais pris la question par le mauvais bout du télescope. Plutôt égocentrique de ma part.
En fait, ce vieil ami voulait dire : Quelles sont tes attentes... envers moi?
Je m'attends à deux choses.
A- D'abord, lisez mes trucs selon votre bon plaisir.
Prenez le temps qu'il faut. La lecture est une chose qu'on fait à son propre rythme. C'est pareil pour moi. J'ai tendance à acheter beaucoup de livres et, très souvent, je ne les lis pas avant des années. Pas de stress. Je n'attends pas votre retour ni vos commentaires avant longtemps, mais soyez assuré que je vais célébrer tout ce que vous me lancerez. Et s'il vous plaît, ne vous sentez pas mal de ne pas encore avoir lu mes trucs.
B- Ensuite, si jamais vous réalisez que ce que j'écris n'est pas pour vous... je comprends. Aucun problème: ouvrez l'un de mes courriels et, tout en bas, cliquez sur le lien de désabonnement. Sans rancune. En fait, vous me rendez service.
Mieux vaut écrire pour un groupe plus petit de gens passionnés que pour un groupe plus important de gens moins intéressés. De plus, rien n'est jamais vraiment gratuit. Même MailerLIte, aussi abordable qu'il soit, va bientôt me coûter plus cher, dès que ma liste dépassera les mille abonnés.
Et si je venais à vous manquer, ou que vous vouliez savoir où j'en suis avec tous mes projets, vous pourrez toujours vous abonner à nouveau en passant par mon site.
Ma langue d'écriture... et pourquoi?
Peut-être l'avez-vous déjà remarqué : j'écris en anglais, même si ma langue maternelle est le français. Et la plupart du temps, je traduis.
Mais pourquoi? Pourquoi est-ce que j'écris en anglais? Pour des raisons commerciales?
Je vois plusieurs sujets à développer ici.
Version courte
Le jour où j'ai tenté l'expérience de l'écriture en anglais, j'ai découvert que ça me permettait de penser différemment, et c'était fascinant. Une décennie plus tard, de fil en aiguille, ça fera bientôt trois ans que je travaille avec mon éditrice de développement favorite, ou plutôt, ma coach d'écriture (en anglais: developmental editor).
Version moins courte
Avertissement: Le contenu suivant pourrait ne pas convenir à tous. Certains pourraient le trouver un peu lourd sur l'estomac, mais je promets de le rendre le plus digeste et le plus savoureux possible. Sentez-vous libre de relire.
L'idée qu'on peut se faire du marché
La langue anglaise vient avec un marché plus vaste. Moui... Possible. C'est peut-être vrai, mais surtout, c'est sans importance.
Parce que ça ne fait aucune différence. Lorsque vous commencez, personne ne vous connaît, un point c'est tout. En réalité, la première cible à viser lorsque vous débutez en tant qu'auteur, est de trouver votre lectorat minimum viable (en anglais : minimum viable audience). Il s'agit du plus petit groupe de personnes désireuses de lire ce que vous écrivez, juste assez pour vous permettre de soutenir vos efforts. Juste assez, ici, est un concept personnel.
(En passant, aucune maison d'édition ne changera ça pour vous. De leur point de vue, ou bien vous vendez bien, et ça les rend heureux, ou bien vous ne vendez pas, et ils se débarrassent de vous. Peut-être que je simplifie beaucoup ici, mais je crois que l'idée de fond est correcte.)
La langue n'a rien à y voir en fait, et la taille de ce qu'on imagine être le marché non plus. De toute façon, le français est une langue tout aussi internationale que l'anglais, parlée dans des centaines de pays. Largement assez pour soutenir n'importe quelle personne prête à faire le dur travail nécessaire, tant pour devenir meilleure à son métier que pour lever la main et se faire connaître à long terme. Le nombre fractionnaire nécessaire pour former un LMV est négligeable, en comparaison du nombre de gens qui utilisent une langue ou non dans tout le système solaire.
Et en plus, il existe une chose très utile qu'on appelle la traduction, qui rend toute la question sans objet. Flûte. J'aurais dû commencer par ça.
Ce n'est même pas un choix
Mon projet actuel de roman est un projet parmi d'autres. D'autres qui suivront. J'ai une foule d'idées en attente, et pas toutes nécessairement à réaliser en anglais. Je me vois bien écrire plusieurs d'entre elles en français. Tout ceci pour dire que rien n'est coulé dans le béton. Je ne suis exclusif ni de genre, ni de langue. Toutes les portes restent ouvertes pour le futur. Certaines de mes histoires pourraient même se dérouler de nos jours et ici même. (J'écris ceci à Montréal, et nous sommes en février 2021.)
Pourquoi l'anglais, alors?
J'ai passé une décennie à essayer de démarrer un projet de roman en français, avec divers degrés de détermination, ténacité et résilience. Peut-être que je n'avais pas encore assez de temps, d'énergie, d'expérience de la vie, de savoir-faire, ou de disponibilité mentale... je ne saurai jamais, et de toute façon, ce n'est pas tellement important.
Un jour, une chose s'est produite.
En fait, considérant que mes premières amours sont allées à la science-fiction, et compte tenu du fait que j'ai aussi continué à lire, apprécier et admirer les auteurs qui écrivent dans la langue de René Barjavel, Stefan Wul, Élisabeth Vonarburg et Esther Rochon (oui, c'était le français!)... Je me suis tout de même trouvé à lire beaucoup dans la langue, sans ordre particulier, d'Asimov, Dick, Benford, Zelazny, Le Guin, Heinlein, Farmer, Van Vogt, Reynolds, Niven, Robinson, Bova, Scott Card, Anthony, Martin, Stephenson, Neuvel, Bradbury... la liste s'allonge, et cet échantillon rapide, ici, n'est en aucun cas exhaustif ni en ordre de préférence.
Et maintenant que j'y pense, j'ai commencé à lire des livres en anglais au début de la vingtaine. Comme je vais avoir cinquante-quelque-chose cette année, ça me fait trente-cinq années de plaisantes lectures bimodales. Déjà au départ, pas étonnant que j'aie envie d'écrire dans les deux langues.
Alors... que s'est-il passé?
À garder en tête aussi : j'ai toujours aimé les langues. Elles me fascinent et j'aime le défi qu'elles posent. Il fut un temps, il y a une vingtaine d'années, où mon allemand était meilleur que mon anglais, et où mon italien était suffisamment bon, assez pour qu'une fois on me traite de menteur en Italie quand je disais que je venais du Canada. J'ai étudié l'espagnol aussi, mais juste assez pour commencer à le mélanger avec l'italien...
Mais toutes les langues ont besoin de pratique. Des bribes de mon allemand, de mon italien et de mon espagnol doivent subsister quelque part sous la surface de ma conscience, mais j'aurai certainement besoin d'un rafraîchissement majeur le jour où j'aurai besoin de les utiliser à nouveau.
Trève de vantardises. Qu'est-ce qui s'est passé?
Un jour, j'ai essayé l'écriture en anglais. Juste pour voir. Aussi simple que ça.
Tout d'un coup, quelque chose a changé.
Parce que je n'ai pas été élevé en anglais. Parce que je ne suis pas allé à l'école en anglais. Parce que je n'ai pas grandi sous le regard brûlant des dieux de la littérature anglaise.
Parce que tout à coup, je ne tentais plus d'être à la hauteur, même inconsciemment, des luminaires français que j'avais appris à vénérer. Victor Hugo. Henri Troyat. Jules Verne. Jean Giono. Michel Tournier. Une fois de plus, la liste s'allonge, et m'écrase sous le poids de vingt-six gigatonnes et demie de glace, toute une calotte glaciaire d'insuffisance sans espoir.
Lorsque je tentai l'expérience d'écrire en anglais, juste pour voir... cette pression insoutenable sur mes épaules commença à s'alléger. Tout juste assez pour faire une différence.
Intéressant. Je me sentis comme si personne ne me surveillait plus pour me juger. Mon esprit devint plus léger, plus joueur et plus libre. Quoi qu'il en soit, il devint plus facile de me concentrer sur ce que je voulais vraiment dire, et sur les histoires que je voulais vraiment raconter.
Si j'avais grandi en anglais, je suis à peu près certain que j'aurais vécu la même expérience avec l'écriture en français.
Comment se porte votre appétit... de lecture? Moi, je suis affamé.
Découvertes reliées
J'ai cherché partout, glanant toutes les ressources possibles sur l'écriture, dans les deux langues. J'ai rapidement constaté que les ressources en anglais semblaient plus nombreuses, et plus faciles à trouver. En passant, ne vous gênez pas pour me contredire sur ce point. Je serai ravi de tout ce que vous me lancerez.
Ce qui suivit est complexe et intéressant, assez pour nourrir plusieurs articles de blogue : j'ai cherché d'un site sur l'écriture à l'autre, d'un livre à l'autre, d'une classe, d'un(e) coach à l'autre...
Si bien qu'à la fin... il y a trois ans, j'ai rencontré l'éditrice et coach d'écriture avec qui je travaille depuis. Courtney Harrell est une éditrice de développement (Story Grid Certified Developmental Editor). Plus tard, je parlerai un plus plus de ce que ça implique, mais pour l'instant, je me contente de dire que nous avons des cerveaux narratifs compatibles. Mon travail avec Courtney a été pour moi un fait saillant des trois dernières années.
Et bien sûr, Courtney Harrell est une écrivaine, en tout premier lieu.
Et vous?
Avez-vous déjà tenté l'écriture dans une langue différente de la vôtre? Comment l'expérience s'est-elle passée? Dites-le moi dans la section des commentaires ci-dessous.
Avant de partir...
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